[Pour l’association Warning, 27 septembre 2008 : http://www.thewarning.info/spip.php?article257]
« We have shown for the first time that men who predominantly take on the insertive role in sex are less likely to contract HIV if they’ve been circumcised » [1].
Une recherche australienne sur la circoncision parmi les hommes gais indique que cette dernière réduirait de 85% le risque de transmission sexuelle du VIH pour le partenaire insertif. Malgré tout, la frilosité demeure, notamment parce que des acteurs en prévention redoutent que certains homosexuels circoncis, se croyant naturellement protégés, n’utilisent plus de préservatif pour sodomiser leurs partenaires.
A Warning, nous avons toujours trouvé ce genre d’argument assez spécieux car nous considérons les personnes concernées assez matures pour comprendre les tenants et les aboutissants de la réduction des risques sexuels (à condition d’avoir accès à des informations claires et à jour évidemment). Mais surtout, comment se fait-il que lorsqu’on dit que la circoncision parmi les couples hétérosexuels réduit le risque de séroconversion de 60% chez l’homme (contre 85% dans l’article en question), cela soit présenté autrement mieux et bien accueilli mondialement, entre autre par l’ONU-Sida ! En fait, l’argument de relâchement potentiel que donnent certains acteurs de prévention tient peut-être en terme de santé publique. Les chercheurs australiens précisent que la majorité des séroconversions sont relié à la pénétration anale réceptive et estiment donc que d’un point de vue épidémiologique, la protection que donne la circoncision ne serait pas « suffisante » pour avoir un impact sur la prévention (voir le taux de nouvelles infections en rapport avec le coût, selon leur vision).
Mais c’est exactement le problème dans cette façon de penser : au lieu d’offrir aux gens des informations sur plusieurs stratégies possibles et cumulatives, qui risquent de protéger une quantité non négligeable de personnes, on pense juste à un niveau populationnel, là où les nouvelles infections sont des chiffres et non pas des personnes ! Bref, tout un débat ! Et en France, on est à des années lumières d’un tel débat… Car en effet, dans le rapport Yeni 2008, on peut lire à propos de la circoncision qu’ « en aucun cas, cette pratique n’a démontré le moindre bénéfice dans la prévention des relations sexuelles entre hommes. Elle ne se substitue donc pas aux autres méthodes préconisées et ne concerne en aucun cas les pays industrialisés » [2]. Au delà du caractère extraordinairement partial de cette recommandation – car la réciproque est aussi vraie : en aucun cas on a démontré que la circoncision n’avait pas de bénéfice dans la prévention des relations sexuelles entre hommes [3] – on voit bien que nos institutions sont nettement dépassées sur les questions de prévention LGBT.
Pour comprendre cette triste réalité, il suffit de lire plus loin ce que ce rapport « d’experts » nous dit des recommandations suisses : « Au total, les données permettant d’extrapoler la réduction du risque d’un niveau collectif à des situations individuelles restent trop préliminaires pour permettre des recommandations. Il apparaît donc prématuré à ce jour d’établir des recommandations individuelles, qui doivent continuer à promouvoir les méthodes de prévention éprouvées, notamment l’usage du préservatif » [4]. On ne peut plus se contenter de ce discours…
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Notes :
[1] Dr David Templeton, Centre national de recherche clinique et épidémiologique sur le sida, Sidney.
[2] Chapitre 4, p.27
[3] Oups ! Les australiens viennent de passer par là…
[4] Chapitre 4, p.29