Soyons honnêtes, le résultat électoral solidaire a été moribond. La faute à qui? La faute aux wokes, aux décoloniaux, aux radicaux, aux anglos? Non, ce revers électoral traduit de fait le triple échec de la stratégie commandée depuis 4 ans par l’aile parlementaire des solidaires :
- Échec de la sempiternelle rhétorique nationaliste impulsée par la fusion avec ON, qui devait leur ramener des gains en région.
Du coup, QS s’est fait presque doubler par son Némésis péquiste qui ne finit plus de mourir.
Même les moyens partisans et le Momentum n’auront pas suffi à Émilise Lessard-Thérien pour s’imposer chez elle.
- Échec du recentrage politique prescrit par la gang à papa-Gab-contre-daddy-Legault, qui devait quant à lui séduire la classe moyenne.
Du coup, QS a reçu moins de votes qu’en 2018. Les 2 sièges gagnés à Montréal – résultats de la gentrification des circonscriptions, ainsi que de l’expérience et de la loyauté au parti des candidat·e·s – sont donc un maigre lot de consolation.
- Échec à défendre les identités heureuses et à nommer l’extrême-droite, puisque terrorisée par Twitter et les entrepreneur·se·s de morale; Parce qu’aveuglée par un interculturalisme abstrait et les paniques morales (notamment linguistique). Car aliénée par l’épouvantail « multiculturalisme » et par la fragilité de colon colonisé.
Du coup, QS s’est fait presque doubler par un animateur radio qui – comble du cynisme – aura fait la victoire de Sol Zanetti en divisant le vote néoconservateurs.
Bref, l’aile parlementaire a joué à l’électoralisme et au vedettariat. Elle a cru – par une vanité provenant sûrement de la demi-victoire du printemps Érable qui l’a engendrée – qu’elle allait réussir là où René Levesque et Gérald Godin ont échoué. Et elle s’est… plantée… sur place!
Pourquoi?
Parce qu’à mon humble avis, je crois que depuis 4 ans, l’aile parlementaire n’a écouté pratiquement personne sauf les spin doctors.
Elle a dégoûté une partie de sa base militante historique, souvent bénévole, qui l’a faite élire et travailler.
Elle a méthodiquement écarté, stigmatisé et diffamé les dissidences solidaires.
Elle a régulièrement ignoré, édulcoré, piétiné le programme solidaire.
Elle a inexploré les échecs et les succès des gauches d’ailleurs.
Elle a fait de la politique normalement.
Reste alors cette sévère humiliation symbolique : la première élue autochtone de l’histoire de l’Assemblée nationale est caquiste! La honte : le parti qui a créé – non sans résistance de l’aile parlementaire – la première Commission nationale autochtone de l’histoire partisane québécoise, n’a même pas été capable de parachuter Maïtée Labrecque-Saganash dans une circonscription gagnante… comme Taschereau.
Pour finir, il ne me vient que cette sordide conclusion : vu le résultat, le vote électoraliste de la loi 96 comme l’électoraliste droit à dire le mot en N… prennent une tournure encore plus obscène.
4 années de perdues… mais malgré ça, le sens des priorités n’a pas changé : l’urgence, c’était le serment au roi!
La gauche québécoise ne gagnera que lorsqu’elle aura décrété un moratoire sur la question nationale et acceptera de voir les couleurs des classes sociales. Sans ça, elle ne se rassemblera jamais et elle perdra toujours. Et l’île de Montréal continuera à prendre le large…